Gerard Deschamps
N é en 1937 à Lyon, Gérard Deschamps est un artiste inscrit dans le mouvement du Nouveau Réalisme notamment connu pour ses panoplies. Autodidacte, il préfère les galeries de la rue de Seine aux académies de peinture. C’est à seize ans qu’il commence la peinture à laquelle il va rapidement insérer de la matière. Puis la matière s’échappe de ses toiles pour devenir œuvre à elle seule : «Je n’ai pas abandonné la peinture. J’ai constaté qu’elle n’était pas seulement dans les tubes.»
Ses œuvres sont le fruit du travail d’un artiste en perpétuelle recherche de renouveau : «Il y a une grande part de hasard, même pour les combinaisons d’objets dans les panoplies. Cela doit se concrétiser tout seul». De ses propres termes, Gérard Deschamps est à la fois archéologue et conservateur, sa démarche est «de rendre compte d’une époque». «C’est un travail archéologique, un travail de protection».
Ses plissages se voient brutalement stoppés en novembre 1957 par l’appel à la guerre d’Algérie durant 27 mois. A son retour, Deschamps se tourne vers l’utilisation des dessous féminins, déclinant un camaïeu de roses et de teintes de chair. Ici encore, l’artiste se place en historien. «Il s’agissait d’objets de récupération parce que les vêtements et la lingerie féminine étaient très cher à l’époque.». Ces œuvres furent l’objet de nombreux scandales. Le plus célèbre concerne une galerie située sur la passage de la procession du saint sacrement à Milan :
«Il y avait une exposition d’artistes surréalistes à la Galerie Breca. La Galerie avait laissé en vitrine une de mes tableaux avec de vieilles gaines et du crin de cheval qui passait entre. Naturellement, cela à fait une très mauvaise impression ! L’œuvre a été saisie par la Questura.»
Marqué par son expérience militaire, Deschamps replonge à partir de 1961 dans son passé afin de transmettre son témoignage de la guerre. Il fit notamment tout un travail sur une série de plaques de blindage : «J’ai demandé à ceux qui faisaient des essais d’y remettre quelques balles. C’était vraiment fait de façon artisanale et expérimentale.» S’en suivirent ses œuvres sur des tôles irisées, des bâches militaires, des sculptures en morceaux d’avion puis plus tard, des barrettes militaires géantes (1965).
En 1970, se sentant en coupure avec le milieu artistique parisien, Deschamps quitte Paris pour se retirer dans le Berry. Cela ne l’empêche pas cependant de demeurer un fervent acteur du mouvement du nouveau réalisme en écrivant en 1984 une lettre ouverte au maire de Paris,Jacques Chirac, afin de dénoncer l’attitude jugée scandaleuse du critique Pierre Restany :
«Le système restanien ne repose sur rien : même ses propres articles ne parlent pas du nouveau réalisme avant mai 1961. […] Voici donc des artistes, qui sont d’abord des concepteurs, dont on écrit plus de vingt ans après, que ce ne sont pas eux qui ont conçu leurs propres œuvres.»
A partir de 1986, Gérard Deschamps revisite son art. Couleurs fluo, nouvelles textures avec des panoplies sur le thème du surf, des ballons de plage avec en 2004 ses célèbres pneumostructures. En 2012, il est élevé au grade d'officier de l'ordre des Arts et des Lettres.