Le Nouveau Realisme
Nouveau : En savoir plus sur les artistes et oeuvres du Nouveau Réalisme
A pparu en plein après-guerre à la fin des années 50, le Nouveau Réalisme est l'un des premiers mouvements qualifiés depuis d'art "contemporain" sur la scène artistique française. De nombreux documents rapportent que le Nouveau Réalisme est né avant tout de la constitution d'un groupe d'artistes aux individualités fortes, avec ses points d'accord mais aussi ses rivalités. L'Histoire retient que le terme est employé en premier lieu par le critique Pierre Restany a propos d'une exposition collective à Milan en mai 1960 regroupant des oeuvres d'Arman, Dufrêne, Hains, Klein, Tinguely et Villeglé. Ces mêmes artistes, réunis chez Yves Klein et rejoints par Raysse et Spoerri, signent une Déclaration Constituve témoignant de leur accord sur une "nouvelle approche du réel", donnant naissance à un mouvement qui comptera également dans ses rangs l'année suivante César, Mimmo Rotella, Niki de Saint-Phalle et Gérard Deschamps, ainsi que Christo en 1963 : "A cette époque là, personne ne faisait des oeuvres dans le même genre que les nôtres. Nous étions une douzaine d'artistes à faire des oeuvres avec des objets."
Si Pierre Restany revendique un rôle fondateur dans ce mouvement, les témoignages divergent sur son implication réelle : il n'avait en effet rien à voir avec la constitution de l'exposition originelle à Milan, et n'aurait fait que baptiser ce mouvement, en en parrainant la création "officielle", avant de se l'approprier par le biais d'un quasi-monopole sur les écrits et organisations relatives au Nouveau Réalisme. Les artistes eux-mêmes, son ami Yves Klein en premier lieu, n'ont d'ailleurs pas manqué de se désolidariser de certains de ses choix, en particulier la corrélation avec le dadaïsme. Restany a officiellement daté la fin du Nouveau Réalisme dès 1963, date de la dernière exposition collective. Le mouvement s'est toutefois naturellement prolongé au travers de ses artistes qui ont poursuivi leurs activités bien au delà de cette date, avec le succès que l'on connaît.
"[Restany] a dit que le Nouveau Réalisme était fini, parce que les artistes eux-mêmes étaient partis. (...) Le Nouveau Réalisme a commencé avant. Les affichistes, par exemple, ont commencé dix ans avant. Et il a également continué après. Au départ, c'est surtout Raymond Hains qui trouvait que des oeuvres s'expliquaient et se complétaient les unes les autres. En réalité, Yves Klein voulait récupérer le mouvement. La signature de la déclaration constitutive a eu lieu à son domicile. Restany était son critique, pas celui des autres artistes. Finalement, Yves a fait l'unanimité contre lui. Voilà l'histoire du Nouveau Réalisme."
L'essence des oeuvres du Nouveau Réalisme est parfaitement théorisée par Raymond Hains : l'utilisation d'objets vise à l'incarnation du réel et de la consommation, à repositionner dans le contexte économique et social de la fin des années 50, bien que le mouvement revendique son caractère apolitique :
"Le nouveau Réalisme n'est pas un groupe d'artistes mais une sorte de confrérie. Un ensemble de petits César qui se partagent le monde comme on se partage un gâteau. Yves Klein prend le bleu, César les compressions de voitures, Arman les poubelles, Villeglé, Rotella et moi les affiches lacérées, Christo les emballages. Nous passons avec les Nouveaux Réalistes du monde de la peinture au monde de la vérité. Les artistes cessent de fabriquer l'art pour devenir des abstractions personnifiées."
Si l'on pourrait être tenté de rapprocher le Nouveau Réalisme du ready-made de Duchamp, selon lequel tout objet peut être amené à devenir une oeuvre d'art sur l'accord nécessaire et suffisant d'un artiste avec son public, les Nouveaux Réalistes ont une démarche différente, d'apparence beaucoup plus simple : il s'agit ici d'exposer des objets de natures diverses, préalablement modifiés. Ces objets sont le plus souvent usagés (lambeaux, envers d'affiches, chiffons et dessous féminins...), portant les traces d'une utilisation, d'une dégradation. Leur exposition témoigne de la coexistence entre les hommes et les objets qui les entourent. Généralement datés, ces objets prennent une dimension historique, à corréler avec une époque qui est celle de la production et de la consommation. Le caractère "contemporain" de cet art en garde aujourd'hui toute sa pertinence. Il est alors naturel que Gérard Deschamps continue de revendiquer son appartenance au Nouveau Réalisme :
"Le Nouveau Réalisme c'est d'abord ce que fait un conservateur de musée : il prend un objet ancien et l'expose dans une vitrine. Nous faisons à peu près la même chose avec des objets plus récents. (...) Dans cinquante ans, si quelqu'un veut faire du Nouveau Réalisme, il peut faire du Nouveau Réalisme. Est-ce que ce sera beau, je n'en sais rien."
La valise des Nouveaux Réalistes (1973)
Oeuvre collective réalisée à 600 exemplaires.
Comprend des oeuvres d'Arman, Rotella, Restany, Niki de St Phalle, Dufrêne, Villeglé, Hains, Christo, Spoerri et Deschamps.
Dechamps a réalisé une plaque d'acier inoxydable irisé par une bouche de feu. Chaque exemplaire est unique.